Le système d'information (SI) peut contribuer à la performance de l'entreprise si ses dépenses sont bien maîtrisés et les investissements dûment préparés. Pour cela, un certain nombre d'indicateurs doit être mis en place, accompagné par une prise en compte des besoins des métiers de l'entreprise par la direction du système d'information, ont expliqué mercredi à Alger des spécialistes d’Ernst & Young.
Face à la multiplication des projets, l'augmentation des budgets à l'informatique est devenue une réalité incontournable. Ce faisant, la pression sur les investissements augmentent, obligeant les directions informatiques à justifier de plus en plus leurs dépenses. « La direction du système informatique est dès lors perçue comme un centre de coûts, et non comme un contributeur à la croissance de l'entreprise et à la création de valeur », a relevé Loïc Chabanier, senior manager conseil au bureau Ernst & Young de Paris. « Or, des investissements informatiques optimisés peuvent apporter une valeur ajoutée à l'entreprise », a-t-il poursuivi.
Pour cela, « la performance opérationnelle » doit être préalablement et correctement mesurée à partir de la valeur d'usage et la valeur patrimoniale, a-t-il expliqué. La valeur d'usage est déterminée en fonction du contexte et des priorités des métiers. Dès lors, de nombreux éléments sont à prendre en compte tels que la sécurité, la politique de moyens, l'excellence opérationnelle, les investissements, la planification opérationnelle, l'innovation, etc. « La performance du système d'information ne peut pas se faire seulement par la direction du système informatique (DSI), mais en collaboration avec les métiers qui sont les priorités ultimes des projets SI et de la valeur créée », a déclaré Loïc Chabanier.
Mettre en place un tableau de bord
Si les indicateurs « métiers SI » sont nécessaires pour mesurer la valeur d'usage des investissements effectués par la DSI, ils ne sont pas suffisants, a relevé Sofiane Chafai, manager conseil au sein du bureau d'Ernst & Young d'Alger. « L'exercice d'évaluation va se matérialiser dans la création d'un tableau de bord destiné à collecter les informations et à donner une vision qui doit approcher la mesure de la performance que l'on voudrait évaluer », a-t-il ajouté. Elaborés à partir de différents indicateurs permettant d'avoir un alignement stratégique, à savoir le suivi des coûts, la qualité du service fourni, le processus de production, etc., le tableau de bord permet de mesurer le plus objectivement possible la performance, et constituera un support de communication, de fixation d'objectifs et de motivation efficace, a-t-il poursuivi.
Pour Sofiane Chafai, « quatre dimensions sont nécessaires à une évaluation correcte de la performance de l'entreprise ». Il a cité la perspective financière (coût moyen du personnel externe par coût de prestation, pourcentage de projet en dépassement budgétaire, etc.), la perspective client (listes des services informatiques fournis, nouvelles applications développées dans l'année et l'apport pour le métier, etc.,), le processus interne (nombre moyen de pannes par mois et impact, taux de disponibilité moyen des serveurs, etc.,) et la formation et innovation (nombre de jours de formation, évolution des effectifs de la DSI, etc.,).
« Constituer un tableau de bord s'avère un exercice difficile », a souligné Ouarda Deramchi, senior manager conseil au sein du bureau Ernst & Young d'Alger, recommandant de « ne pas choisir trop d'indicateurs au départ, et ne pas hésiter à les faire évoluer ». Quatre facteurs clés doivent être réunis pour réussir les projets stratégiques : la pertinence du projet, l'alignement des métiers sur le projet de l'entreprise, la collaboration efficace entre les acteurs et la qualité de l'exécution, a-t-elle souligné. Associés à une bonne gouvernance, ces facteurs assureront aux systèmes d'information un rôle central au coeur de la stratégie d'entreprise, allant même jusqu'à devenir un vecteur de transformation, a-t-elle conclu.