Dans un entretien accordé à Maghreb M, radio-web du journal en ligne Maghreb Emergent, Slim Othmani, patron de NCA qui vient de réussir son entrée en Bourse, a évoqué certains aspects institutionnels et juridiques en vigueur qui freinent, selon lui, le développement du marché financier algérien et l’expansion des entreprises privées. Au sujet de l’annonce par le ministère des finances d’un processus d’ouverture du capital d’un certain nombre d’entreprises publiques via la Bourse, le patron de NCA Rouiba estime qu’il s’agit d’une « bonne initiative ». Il dit préférer dans ce domaine « un début d’action des pouvoirs publics dans ce domaine que pas d’action du tout ». D’autant qu’il a la conviction que l’Etat « n’a rien à faire dans les PME » et doit se désengager des entreprises de taille modeste qu’il détient. Le patron de NCA estime que la « paranoïa permanente qui plane au-dessus de toutes les opérations de privatisation » fait de la privatisation par la Bourse le canal « le plus démocratique et le moins contestable » car elle permet d’engager le processus le « plus transparent possible ». Slim Othmani s’est félicite également qu’il y ait « des institutions financières, banques et compagnies d’assurance » parmi les entreprises mentionnées au titre de l’opération en cours d’ouverture du capital des entreprises publiques. Il regrette néanmoins le seuil encore modeste fixé par les pouvoirs publics. «Pourquoi seulement 20% du capital ? » interroge le patron de NCA Rouiba qui appelle à une dynamisation du marché financier grâce à l’introduction rapide d’un plus grand nombre de titres d’entreprises publiques et privées.
Les IOB pas assez actifs
Sur le fonctionnement actuel de la Bourse d’Alger objet de nombreuses critiques, Slim Othmani considère que « les structures sont bonnes » mais que « les IOB – Intermédiaires en opérations de Bourse - ne sont pas assez actifs faute d’une animation suffisante du marché qui ne compte pas suffisamment de titres cotés ». S’agissant en particulier des problèmes de liquidité des titres cotés à la bourse, le patron de NCA estime qu’« à l’avenir l’animation du titre sera extrêmement importante ». Il compte se montrer dans ce domaine très offensif et « exigeant » à l’égard des IOB et à communiquer intensivement en tenant tous les trois mois des réunions pour tenir les investisseurs informés des résultats de son entreprise. Slim Otmani qui est également membre du Conseil d’administration d’Alliance Assurance se dit en outre persuadé « que les gens seront étonnés de l’évolution du titre au cours des mois à venir »
L’internationalisation contrariée des entreprises privées algériennes
Le patron de NCA Rouiba ne ménage cependant pas ses critiques à l’égard des limites imposées au développement des entreprises privées les plus dynamiques par la réglementation actuelle ou par son interprétation de la part des pouvoirs publics. C’est ainsi qu’il juge très négative l’interdiction faite aux algériens non-résidents d’acheter des titres à la Bourse d’Alger. Une interdiction qui, en dépit de son dénouement heureux, a pénalisé la récente ouverture du capital de son entreprise. « J’ai reçu beaucoup de messages d’algériens vivant à l’étranger qui n’ont pas le droit de prendre des participations dans mon entreprise, C’est choquant et contraire à la constitution de notre pays ». La question très sensible de la possibilité pour les investisseurs de développer leurs activités à l’étranger inspire également des commentaires très critiques au patron de NCA. Il a indiqué que son entreprise a aujourd’hui des « ambitions régionales » à travers de projets de développement au Maroc et en Libye qui « doivent bientôt être proposés au Conseil d’Administration de l’entreprise ». Des ambitions contrariées par la réglementation actuelle qui subordonne les investissements réalisés à l’étranger par les entreprises algériennes à une autorisation de la Banque d’Algérie, laquelle se montre sur ce chapitre très peu accommodante. « Pourquoi, interroge Slim Othmani ,tout le monde a-t-il le droit de venir nous concurrencer sur notre marché alors que nous sommes privés des moyens de porter nos produits et notre savoir-faire à l’étranger ? »